Ce voyage aurait pu être comme d'autres, une conquête exaltée de trains étrangers, sans lendemain. Traversée de Copenhague où la ville n'est pas tant visitée que les seuls abords de voies ferrées. L'attention est portée sur les graffiti locaux, les différents modèles de trains, les moyens d'infiltrer les dépôts. Les actions s’enchaînent, les solutions trouvées, les couches de peintures, les issues, les retours à l'hôtel.

Nous connaissons la précision de Rap quand il s'agit de raconter les choses vues et vécues. Dans 14092005 les faits sont relatés jours après jours, presque heure par heure.De bout en bout le récit et les images se répondent, chaque anecdote trouve une photo pour l'illustrer. L'appareil photo le suit jusque dans la prison où Rap réussit à l'introduire, l'histoire est dingue.

L'arrestation du groupe donne au voyage une tournure imprévue.
Les actions brutes laissent place à un récit sans repère temporel, s'installant dans le temps sous la contrainte. Les couloirs, la cour de promenade, la cellule sont décrits avec acuité, dans leurs moindres détails.

Les rencontres dans la cour sont autant de fenêtres sur d'autres parcours, autant de vies qui se retrouvent en ce même point, à respirer le même air.
Il n'est plus question de réseau ferroviaire, une nouvelle carte se déploie, plus internationale. Les visions du monde sont échangées, ça cogite. C'est fascinant.

Ce livre est un témoignage important.
Un des rares où l'on comprend comment le graffiti, qui guide chaque journée de l'auteur,

peut être un moyen d'entrer dans la vie, le meilleur peut-être pour parler du monde et s'y déplacer.

Guillaume Pellay - Edition Peinture